La sexualité dans le couple : un changement de paradigme
CE QUI SE FAIT EN GÉNÉRAL DANS LA SEXUALITÉ DU COUPLE
Jusqu’à présent, lors de l’activité sexuelle au sein d’un couple installé, respectueux et amoureux, chacun des partenaires se tracasse du plaisir de l’autre. L’homme doit absolument faire grimper sa femme aux rideaux (alors que celle-ci n’en demande pas tant), et la femme doit absolument satisfaire son homme en lui montrant combien elle a du plaisir sous ses caresses.
Cela a des conséquences, tant dans la tendance à la performance de l’homme qu’à celle de la simulation chez la femme. Dans ce contexte, l’homme est hyper attentif aux réactions de sa partenaire dès qu’il la caresse. Il note mentalement les endroits dont il constate que cela procure des réactions de plaisir chez elle. Malheureusement pour lui, les zones de plaisir changent chez les femmes, alors qu’elles restent souvent au même endroit chez les hommes. La femme, elle, a souvent l’impression qu’elle doit devenir une parfaite salope pour satisfaire son homme. Tant que les partenaires se donnent mutuellement du plaisir, il n’y a pas de problème. Ces derniers commencent quand chacun se met à penser que l’autre est responsable du plaisir recherché.
ET MAINTENANT
Sur base du concept de l’objétisation de l’autre développé par Esther PEREL dans son livre L’intelligence érotique, je propose ici une autre façon de concevoir l’activité sexuelle au sein d’un couple amoureux et respectueux. Le but : prendre la responsabilité de son propre plaisir sexuel.
Dans un premier temps, il est nécessaire de mettre en place le cadre des limites du jeu des relations sexuelles au sein du couple. A chacun d’établir le champ de ses limites et à les partager avec son partenaire. Ces limites sont à énoncer en double entrées : d’une part, elles peuvent être cataloguées en “limites infranchissables” et “limites négociables”, et d’autre part il est possible de les établir selon trois thèmes : les limites purement sexuelles (pratiques, type de caresses, positions, etc), les limites situationnelles ou contextuelles (endroit, contexte, environnement), et les limites de moment ou de temps (période de menstruations, moments de la journée, durée). Attention au fait que tout ce qui n’est pas interdit est permis.
A l’intérieur de ces cadres, dont chacun des partenaires aura pris connaissance, le principe est de pouvoir user de l’autre pour son plaisir sexuel, demandant ceci ou cela à tel ou tel moment. Et chacun s’engage, au nom de l’amour et du respect mutuel, à répondre favorablement aux différentes demandes du partenaire pour autant que les limites précisées auparavant soient respectées. Quand une demande faite par le partenaire rencontre une limite qu’on n’a pas pensé à mettre sur la liste, il est possible à chaque moment d’activité sexuelle de sortir un joker. Cela veut dire : ce que tu me demandes fait partie de mes limites, et je n’ai pas pensé à le noter comme tel. Du coup, lors de cette activité sexuelle, le partenaire ne peut plus demander que des choses dont il sait, à l’évidence, qu’elles sont dans le cadre. Evidemment, la liste doit être complétée par la suite.
À GÉOMÉTRIE VARIABLE
Cependant, et même si les demandes ne dérogent pas aux limites du cadre, nous ne sommes pas toujours disposés à répondre favorablement, que ce soit parce que l’on est fatigué, malade, réglée (bien que ce dernier point puisse faire partie du cadre), victime d’un coup de mou, etc. Pour cela, chacun a le droit de dire non trois fois de suite à la demande de son partenaire. Chaque non a une durée de vie de 24h. Au bout du troisième non, la personne qui s’est ainsi positionnée a une semaine pour initier sans ambiguïté une activité sexuelle accomplie.
Plusieurs points de cette façon de faire peuvent faire l’objet d’adaptations de la part des partenaires du couple. Je pense par exemple au nombre de non possible, au temps de validité de chaque non, au délai pour relancer la sexualité après avoir dit non.
Une façon de s’essayer à cette nouvelle manière de vivre la sexualité au sein du couple est de jouer au scrabble érotique. L’idée est la suivante : on s’assure d’un certain confort (tenue permettant les jeux sexuels, température agréable, lieu tranquille) et les deux partenaires jouent une partie de scrabble, tout ce qu’il y a de plus classique. Cependant, chaque mot déposé avec un score supérieur ou égal à 20 permet au déposant de demander quelque chose de sexuel au partenaire de jeu, à l’intérieur du cadre des limites dont j’ai déjà parlé, évidemment. Cette demande sera donc exécutée pendant maximum trois minutes, chrono (prévoir une alarme). Puis le jeu reprend.
PRENDRE LA RESPONSABILITÉ DE SON PLAISIR
Cette façon de concevoir l’activité sexuelle dans le couple apporte quelques avantages, au-delà du fait que souvent les femmes (parfois certains hommes) se sentent offusquées à l’idée d’être considérée comme un objet sexuel pour leur partenaire.
Ainsi, cette nouvelle façon de considérer la vie sexuelle implique de faire des demandes. Et faire des demandes, c’est prendre la responsabilité de son plaisir. Cela permet également d’expérimenter et donc de varier sa vie sexuelle. Enfin, ma pratique professionnelle me montre que les domaines de l’humain sont en inter relations les uns les autres, de sorte que ce qui se passe dans l’un contamine les autres. Prendre la responsabilité de son plaisir sexuel, c’est initier le fait de prendre la responsabilité de son devenir dans d’autres domaines.
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